La chevauchée eschatologique

Zorobabel
2 min readDec 21, 2020

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La Mort, sur le cheval pâle. Gravure de Gustave Doré (1865).
La Mort, sur le cheval pâle. Gravure de Gustave Doré (1865) — Domaine public.

Suivi de près par les chevaux noir et rouge feu, le cheval blême (verdâtre, pâle ou livide) galope à travers le monde, apportant la Mort (c’est le nom de son cavalier) à des gens qui le voient comme une épidémie galopante. Ils imaginent que le génie humain jugulera cette dernière comme d’autres avant elle et qu’ils pourront bientôt retourner à leurs affaires. Ils ne comprennent donc rien au film, parce qu’ils rejettent les codes du genre, c’est-à-dire les images du langage spécialisé qui permet de décrire la fin du monde.

Jésus le prédisait : « Tels furent les jours de Noé, telle sera la venue du Fils de l’homme. De même qu’en ces jours d’avant le déluge ils mangeaient et buvaient, prenaient femme ou mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et qu’ils ne comprirent rien jusqu’à ce que vînt le déluge qui les enleva tous, ainsi en sera-t-il de la venue du Fils de l’homme. »¹

Voyant l’état du monde, beaucoup se préparent à sa fin, mais à l’aveuglette, sans d’abord en comprendre les tenants et les aboutissants. Si on n’utilise pas la Bible et son vocabulaire spécialisé, on ne peut formuler la fin du monde en termes appropriés, et donc la penser, la comprendre. Pour faire du droit, on utilise un vocabulaire juridique ; pour faire de la biologie, un vocabulaire médical, et ainsi de suite. Il en va de même pour l’eschatologie. Si par exemple certains ont banni de leur vocabulaire le mot “Dieu”, ils ne comprendront rien et ne pourront éviter que la mort les enlève (comme lors du Déluge).

Le cavalier au cheval blême s’attaque à la santé ; le cavalier au cheval noir, à l’économie ; le cavalier au cheval rouge feu, à la paix. Qui veut comprendre la raison et l’action de ces trois fléaux doit commencer par poser “Dieu”. C’est le premier terme qui enrichit le langage courant. Les termes du vocabulaire eschatologique sont nombreux ; ils se trouvent en situation dans tous les textes de la Bible (à soixante-treize livres), un peu comme dans un dictionnaire analogique, et plus spécifiquement dans les apocalypses (les chevaux et leurs cavaliers se trouvent par exemple dans l’Apocalypse de Jean). Penser en ces termes, c’est comme marcher en pleine lumière ; se fier au langage courant appauvri, c’est marcher dans les ténèbres.

[1] Matthieu 24, 37–39.

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Written by Zorobabel

Quand la situation est complexe, mieux vaut la modéliser : images, métaphores, analogies, symboles, figures et allégories : passons du premier au second degré !

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